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blog lent et paresseux


Ne soyons pas sauvages avec les abeilles

mercredi 9 août 2017

L’abeille est perçue actuellement comme une « sentinelle de la biodiversité/de l’environnement » [1]. En fait de nombreuses espèces vivantes peuvent être de telles indicatrices, et pas que des espèces animales ou végétales.

Pour ce qui est de l’abeille, il vaut mieux parler « des » abeilles. Une abeille peut en effet plus être connue sous le nom de bourdon, osmie, mégachile, andrène, etc. pour ne pas en rester à l’abeille domestique, celle de nos ruches à miel, qui elle-même est à la fois un témoin — son absence est un mauvais signe — et parfois un risque pour la biodiversité — paradoxe du au facteur humain.

En effet, comment conjuguer lutte contre l’érosion de la biodiversité et bonne volonté de l’intervention humaine ? L’intervention des humains pour réparer ou améliorer — que ce soit un corps humain ou social, une culture, un élevage ou un environnement — se fait avec nos connaissances toujours limitées, bien que croissantes, et dans une ignorance toujours renouvelée. Toutefois, si agir grâce à nos connaissances en tenant compte de nos ignorances est une démarche à agréer, généralement nous agissons sans vraiment vérifier nos connaissances actuelles ou en préférant les ignorer.

Ainsi, sous couvert de sauver le monde de la disparition des insectes pollinisateurs [2] ; une espèce fétiche [3] — au sens religieux du mot — est mise en avant. Certes, une part importante des ressources alimentaires végétales seraient assurées par la pollinisation par les insectes (exception notable, les céréales), nous dit-on [4]. Toutefois, d’une part, les semenciers et les instituts de recherche agronomique tentent de trouver des variétés qui n’ont plus cette dépendance, d’autre part, les insectes pollinisateurs ne sont pas que des abeilles et les abeilles ne sont pas que l’abeille domestique (Apis mellifera). Ceci pour les plantes mises en culture [5].

La situation est encore plus diverse pour les plantes sauvages. Et, comme l’abeille domestique ne peut assurer la pollinisation de toutes les plantes à fleurs entomophiles [6], de même certains insectes ne pollinisent qu’un nombre très réduit d’espèces végétales. Parfois même, ces insectes sont dépendants d’une ou de quelques rares espèces. Nous comprenons alors, que si une pénurie de pollinisateurs a une incidence sur la reproduction végétale, une pression trop forte de pollinisateurs peut avoir une incidence sur la reproduction de quelques espèces pollinisatrices.

La jasione des montagnes ou maritime (Jasione montana), seule source d’alimentation de l’abeille Dufourea halictula

Ainsi, parmi les insectes pollinisateurs, c’est le cas chez les abeilles. Ce groupe comporte aussi bien des espèces très généralistes dont la plus emblématique est l’abeille domestique, que des espèces qui sont liées à un groupe plus restreint de plantes et des espèces dépendantes d’une seule plante. Techniquement, elles sont décrites comme polylectique, oligolectique et monolectique (les termes polylègue, oligolègue et monolègue peuvent aussi se rencontrer). À l’inverse certaines plantes ne sont pollinisées que par peu ou par une seule espèce animale, par exemple une abeille sauvage. Plus rarement encore, une plante et un insecte peuvent être exclusivement liés l’un à l’autre d’où la quasi certitude que la disparition de l’un amène la disparition de l’autre. Les espèces dites monolectiques (une poignée localement [7]) ou oligolectiques (plus d’une cinquantaine) dont les plantes nourricières sont également visitées par d’autres insectes peuvent être en danger si la compétition sur les ressources en pollen et nectar est forte. C’est ce qui se passe déjà entre ruches dont les abeilles deviennent plus agressives lorsque les ressources disponibles diminuent. C’est ce qui se passe autour des ruchers importants, le nombre d’espèces pollinisatrices diminue. Le milieu est perturbé par l’intervention humaine [8], ici une sorte de surpâturage.

Sur cette pression et sur l’effet pervers de l’implantation localement grandissante de ruches, nous pouvons consulter les articles de Guillaume Lemoine [9].

La vipérine (Echium vulgare), plante très visitée par les insectes et seule source d’alimentation des abeilles osmies Osmia adunca et Osmia anthocopoides

Concrètement, les espèces d’abeilles sont nombreuses en Europe, près de 1.000 en France [10], 500 en Belgique (dont une trentaine de bourdons mais aussi des abeilles coucous — dites cleptoparasites — qui font élever leur progéniture par d’autres espèces). Ces espèces représenteraient 80 % des individus en France [11], ce qui veut dire que l’abeille domestique représenterait 20 % des individus à elle seule, soit un piètre indice de biodiversité et potentiellement, une forte pression. Une rubrique de ce site [12] est entièrement consacrée à lister ces espèces : « Abeilles, que des sauvages ! Ou presque ! ». Elle signale autant que possible les rapports entre espèces d’abeilles, les époques possibles d’observation, les plantes visitées préférentiellement et donne les liens vers l’Atlas hymenoptera.

Claude Delattre

Notes

[1Cette expression s’est faite aussi appropriée par divers organismes qui se définissent « sentinelle de la biodiversité » (UICN, ONCFS, etc.).

[2« La grande majorité des espèces pollinisatrices sont sauvages, comprenant plus de 20 000 espèces d’abeilles, certaines espèces de mouches, papillons de jour et de nuit, guêpes, scarabées, thrips, oiseaux, chauves-souris et autres vertébrés. L’élevage de certaines espèces d’abeilles est largement répandu, notamment l’abeille à miel occidentale (Apis mellifera), l’abeille à miel orientale (Apis cerana), certains bourdons, certaines abeilles sans aiguillon et quelques abeilles solitaires. L’apiculture représente une source de revenus importante pour de nombreuses populations rurales. L’abeille à miel occidentale est l’espèce pollinisatrice dont l’élevage est le plus répandu dans le monde et il existe, à l’échelle planétaire, environ 81 millions de ruches qui produisent, selon les estimations, 1,6 million de tonnes de miel par an. ». In IPBES (2016) : Résumé à l’intention des décideurs du rapport d’évaluation de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques concernant les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire. S. G. Potts, V. L. Imperatriz-Fonseca, H. T. Ngo, J. C. Biesmeijer, T. D. Breeze, L. V. Dicks, L. A. Garibaldi, R. Hill, J. Settele, A. J. Vanbergen, M. A. Aizen, S. A. Cunningham, C. Eardley, B. M. Freitas, N. Gallai, P. G. Kevan, A. Kovács-Hostyánszki, P. K. K wapong, J. Li, X. Li, D. J. Martins, G. Nates-Parra, J. S. Pettis et B. F. Viana (eds.). Secrétariat de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, Bonn, Allemagne. 36 pages, p. 8.

[3Voir, dans des domaines proches : le panda, l’ours blanc, etc.

[4« La pollinisation animale joue un rôle vital en tant que service écosystémique de régulation dans la nature. À l’échelle mondiale, près de 90 % des plantes sauvages à fleurs dépendent, au moins en partie, du transfert de pollen par les animaux. Ces plantes sont essentielles au bon fonctionnement des écosystèmes, car elles fournissent de la nourriture, forment des habitats et apportent d’autres ressources à de nombreuses autres espèces.
« Plus des trois quarts des principales catégories de cultures vivrières mondiales dépendent dans une certaine mesure de la pollinisation animale pour ce qui est du rendement et/ou de la qualité. Les cultures qui dépendent des pollinisateurs contribuent au volume de la production mondiale à hauteur de 35 %
 ».
IPBES (2016) idem, p. 8

[5Ainsi, la luzerne (Medicago sativa), bien que visitée par les abeilles domestiques est surtout pollinisée efficacement par des bourdons et notamment le bourdon terrestre (Bombus terrestris). Voir l’article d’A. Pouvreau « Principes de pollinisation entomogame, rôle des bourdons (Hyménoptères, Apoidea, Bombinae, Bombus, Latr.), problèmes posés par ces insectes » (1983) sur le site de l’OPIE.

[6Les plantes qui nécessitent généralement l’intervention d’insectes pour assurer leur pollinisation. En cas de non réussite ou d’absence de cette intervention, certaines espèces — comme le pommier — utilisent un plan B qui assure leur autofécondation mais produisent des fruits ou graines de moins bonne qualité.

[7Ainsi dans les rares espèces monolectiques de nos régions, on peut déjà citer : Dufourea halictula sur Jasione montana (la jasione dite des montagnes ou herbe bleue), Hoplitis adunca (appelée aussi Osmia adunca) et Hoplitis anthocopoides (appelée aussi Osmia anthocopoides) sur Echium vulgare (la vipérine).

[8Cette intervention peut aussi bien être commerciale (un·e apiculteur·trice doit vivre pour tout ou partie de sa production) qu’humanitaire (un·e citoyen·ne souhaite soutenir la biodiversité).

[10Parmi les hyménoptères de France : 1000 espèces d’abeilles, pour 5000 de guêpes et 200 de fourmis.

[12Cette rubrique n’existerait pas sans le travail de l’Université de Mons et de l’Agro-Bio Tech de Gembloux (Université de Liège) sur le site Atlas hymenoptera, et notamment sans les travaux de Pierre Rasmont.



Un pour tous, tous purins !

mercredi 12 avril 2017

Depuis des générations, sous beaucoup de latitudes, des végétaux ou des extraits animaux sont utilisés pour soigner. Le soin aux humains et à leurs animaux, qui prend le nom de phytothérapie, peut être étendu à d’autres êtres vivants : les plantes et le sol qui les nourrit.

Contexte juridique

Les préparations végétales connues sous le nom de « purins » sont, en fait, une famille de préparations. Leurs intitulés : extrait fermenté, décoction, infusion, macération sont aussi utilisés — sauf « extrait fermenté » — dans les « tisanes » et plus généralement les préparations médicinales à base de « simples » (soit les herbes médicinales).

Cette similarité avec la médecine est à l’origine d’un débat sur la légalité ou pas de ces préparations, de leur vente ou de leur enseignement. En effet, le soin des plantes, comme le soin aux animaux et autres humains, est sensé être sous la responsabilité des pharmaciens, vétérinaires et médecins et les préparations utiles aux soins sont sensées être des « médicaments » donc doivent être l’objet d’une homologation.

Définitions

Extrait fermenté :
Il se fait en menant une longue fermentation à une macération dans l’eau (de pluie de préférence). Le produit est prêt lorsqu’il n’y a plus de dégagement de bulles au remuage.
Infusion :
C’est le principe de la tisane (thé, tilleul, café…). Elle se fait en menant les plantes à ébullition dans l’eau puis en laissant refroidir. Préparations insecticide et insectifuge, à moindre efficacité que l’extrait fermenté.
Décoction :
Elle se fait en faisant bouillir les plantes. Après souvent une journée de trempage, on maintient le mélange, couvercle fermé, à bouillonner pendant 20 minutes à une heure. Pour les produits coriaces : racines, prêle, consoude, sauge.
Macération simple :
Elle se fait dans un milieu liquide (huile, alcool, eau) qui facilite les échanges entre le produit et le liquide. Elle dure seulement 24 h, contrairement à la macération de l’extrait fermenté. On utilise l’huile pour l’ail, l’eau de pluie pour la plupart des autres macérations. Fongicide et/ou stimulant.

Principe de fonctionnement

Les extraits végétaux sont utilisés avec trois buts principaux :
• la stimulation de la vie du sol, support nourricier de la plante,
• la stimulation de la plante par le renforcement de ses défenses,
• la lutte contre les ravageurs par une action repoussante ou létale : faire fuir ou tuer les animaux, algues (mildiou), champignons parasites.

Le premier but consiste à favoriser la vie microbienne et microscopique du sol. Elle sera surtout visible sur un sol ingrat. Un sol riche et vivant a peu besoin d’être stimulé.

Le deuxième est atteint par l’action élicitrice des extraits. Ce rôle d’éliciteur — ou de stimulateur — provoque une réaction de la plante (productions de substances défensives comme les tanins, etc.). Cette réaction se fait naturellement lorsque la plante ou ses voisines sont attaquées ou stressées. Il s’agit ici d’anticiper les défenses. Elle agit aussi sur la vie microbienne utile à la surface de la plante [1].

Le troisième est de limiter si ce n’est faire cesser des attaques parasitaires. Par la prévention, on renforce les plantes (c’est déjà le but précédent) ou on fragilise les parasites (spores, etc.) avant leur développement. Par le curatif on détruit (rôle biocide) ou on chasse (rôle insectifuge, par exemple) pour laisser le temps aux auxiliaires d’intervenir.

Fabrication

Méthode

Les trois principes de macération (simple ou en « extrait fermenté »), infusion et décoction peuvent exister. C’est la macération de type « extrait fermenté » ou « purin » qui est la plus pratiquée selon une méthode plus ou moins commune :
1 kg de plantes et 10 litres d’eau de pluie (éventuellement déchlorer et décalcifier l’eau du robinet)
— brasser tous les jours
— attendre l’arrêt de la formation de bulles : 4-8 jours pour l’ortie, 15 jours pour la consoude
— filtrer (si l’on n’a pas déjà fait macérer les plantes dans un sac) avec un filtre fin en inox (passoire) ou en coton (éviter les toiles trop grossières qui laissent passer de trop grosses particules qui boucheront les pulvérisateurs.
— utiliser en dilution à 10 % avec de l’eau de pluie (5 % en pulvérisation) :

  • arrosage du sol
    • stimulation microbienne (action sur le microbiote racinaire et sur la vie du sol)
  • pulvérisation du feuillage
    • stimulation de croissance (on parle parfois d’engrais foliaire & action sur le microbiote aérien)
    • effets insectifuges et parfois insecticides
  • arrosage du compost (action de stimulation sur la vie microbienne utile).

On peut stocker au frais 1-2 mois (ortie) parfois plus (consoude), sinon conserver sous vide pendant 1 an.

Les plantes les plus utilisées

  • ortie : stimulation, engrais azoté, insectifuge sur pucerons.
  • consoude : engrais potassique (pour les fruits) et alcalin.
  • sureau : fongicide et insectifuge (pucerons).
  • baies de sureau (en infusion), ail, pyrèthre : insecticide.
  • fougère-aigle, tanaisie : insectifuge.
  • capucine, raifort, prêle, bouleau : fongicide.
  • rhubarbe : insectifuge et anti limaces.
  • bardane, rumex...

 Arrêté du 18 avril 2011 autorisant la mise sur le marché du purin d’ortie en tant que préparation naturelle peu préoccupante à usage phytopharmaceutique (NOR : AGRG1110856A), avec en annexe une « Recette de fabrication et conditions d’utilisation du purin d’ortie » (PNPP n° 2011-01).

 Note de service DGAL/SDQPV/N2011-8095 du 18 avril 2011 (NOR : AGRG1008143N) : « Liste de référence des éléments naturels à partir desquels sont susceptibles d’être élaborées les préparations naturelles peu préoccupantes à usage phytopharmaceutique ».

 Purin d’orties et Cie, livre de Jean-Paul Collaert, Éric Petiot et Bernard Bertrand, éditions de Terran (2009). 24 plantes sauvages ou cultivées y sont décrites.

Notes

[1On parle parfois de microbiote foliaire. Voir à ce sujet une thèse très intéressante :
Thomas Fort. Effet du paysage sur la structure des communautés fongiques foliaires. Biodiversité et Écologie. Université de Bordeaux, 2016. Français. NNT : 2016BORD0266. tel-01441448



Les plantes messicoles

mardi 22 décembre 2015

Les plantes messicoles — liées aux « moissons » [1] — généralement des plantes annuelles dont certaines très symboliques (coquelicot, bleuet), sont, pour la France, près de 100 à 300 selon les auteurs. Certaines ont leur propre répartition, d’autres sont totalement dépendantes des pratiques culturales et peuvent disparaitre complètement du paysage suite à des changements techniques ou chimiques de conduite agricole. L’expression et parfois élargie à d’autre commensales des champs cultivés non céréaliers, notamment le lin — pour lequel il existe aussi le terme « linicole ».

Les messicoles ont longtemps été combattues car parfois toxiques (la nielle des blés). Aujourd’hui elles font partie des plantes observées aussi dans un but de conservation, comme éléments et maillons de la biodiversité locale. SupAgro Florac est, pour la France, à la pointe de cette démarche avec son « réseau Messicoles » (Messicoles : des mauvaises herbes aux messicoles, prendre en compte la biodiversité dans les cultures).

En Belgique, le ministère wallon chargé de l’Agriculture a publié une très intéressante brochure [2], produite par la faculté des Sciences agronomiques de Gembloux : Les messicoles fleurs des moissons.

Hortical recense peu de végétaux dans cette catégorie.

Plantes messicoles du site : avoine (Avena sativa) ; bleuet (Centaurea cyanus) ; buglosse des champs (Anchusa arvensis) ; centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa) ; chrysanthème des moissons (Glebionis segetum) ; coquelicot (Papaver rhoeas) ; coquelicot argèmone (Papaver argemone) ; cresson de terre (Barbarea verna) ; gaillet gratteron (Galium aparine) ; goutte de sang (Adonis annua) ; héliotrope (Heliotropium europaeum) ; mâche (Valerianella locusta) ; morelle noire (Solanum nigrum) ; moutarde blanche (Sinapis alba) ; nielle des blés (Agrostemma githago) ; pensée sauvage (Viola tricolor) ; seigle (Secale cereale) ; tabouret des champs (Thlaspi arvense) ; tulipe des bois (Tulipa sylvestris).

Le Conservatoire botanique national de Bailleul a élaboré sa « Liste des plantes messicoles dans le Nord-Pas-de-Calais [3] » qui comporte 88 taxons, dont 28 considérés comme disparus. À comparer avec la « liste nationale de plantes messicoles » (Aboucaya et al., 2000 ; Cambecèdes et al., 2012) qui suit, qui comporte 102 taxons et où :

  • 89 sont des thérophytes [plantes dont le cycle dure moins d’un an] répondant strictement à la définition de plantes messicoles,
  • 13 sont des géophytes [herbacées vivaces dont les bourgeons passent l’hiver dans le sol], intégrées à cette liste en raison de la problématique commune de conservation (Olivereau, 1996).

***

Famille Nom complet Nom vernaculaire rareté
Apiaceae Bifora radians Bieb. bifora rayonnante 1
Apiaceae Bifora testiculata (L.) Spreng. bifora testiculé 1
Apiaceae Bunium bulbocastanum L. bunium noix-de-terre ; terrenoix 2
Apiaceae Bunium pachypodum P.W.Ball bunium à pieds épais 1
Apiaceae Bupleurum rotundifolium L. buplèvre à feuilles rondes 1
Apiaceae Bupleurum subovatum Link ex Spreng. buplèvre ovale 1
Apiaceae Caucalis platycarpos L. caucalis à fruits aplatis 2
Apiaceae Orlaya grandiflora (L.) Hoffmann orlaya à grandes fleurs 1
Apiaceae Ridolfia segetum Moris aneth des moissons 1
Apiaceae Scandix pecten-veneris L. scandix peigne-de-Vénus ; peigne de Vénus 3
Apiaceae Torilis leptophylla (L.) Reichenb. f. tordyle à feuilles menues 2
Apiaceae Turgenia latifolia (L.) Hoffmann caucalis à larges feuilles 1
Asteraceae Anthemis altissima L. anthémis élevé 2
Asteraceae Centaurea cyanus L. bleuet 2
Asteraceae Cephalaria syriaca (L.) Roem. et Schult. céphalaire de Syrie 1
Asteraceae Cnicus benedictus L. chardon béni 2
Asteraceae Glebionis segetum (L.) Fourr. chrysanthème des moissons NE
Boraginaceae Anchusa arvensis (L.) Bieb. buglosse des champs ; yycopside 2
Boraginaceae Lithospermum arvense L. grémil des champs 3
Brassicaceae Calepina irregularis (Asso) Thell. calépine 2
Brassicaceae Camelina alyssum (Mill.) Thell. caméline alysson, caméline des champs de lin 1
Brassicaceae Camelina microcarpa Andrz. ex DC. caméline à petits fruits 1
Brassicaceae Camelina rumelica Velen. caméline à grandes fleurs 1
Brassicaceae Camelina sativa (L.) Crantz caméline cultivée (s.l.) 1
Brassicaceae Conringia orientalis (L.) Dum. vélar d’Orient, roquette d’Orient 1
Brassicaceae Iberis pinnata L. ibéris penné 2
Brassicaceae Myagrum perfoliatum L. myagre 1
Brassicaceae Neslia paniculata (L.) Desv. neslie paniculée (s.l.) 1
Brassicaceae Sinapis alba L. moutarde blanche 3
Brassicaceae Thlaspi arvense L. tabouret des champs 2
Campanulaceae Legousia hybrida (L.) Delarbre spéculaire hybride 2
Campanulaceae Legousia speculum-veneris (L.) Chaix miroir de Vénus 2
Caryophyllaceae Agrostemma githago L. nielle des blés 1
Caryophyllaceae Scleranthus annuus L. gnavelle annuelle (s.l.), scléranthe annuel 3
Caryophyllaceae Silene conoidea L. silène conoïde 1
Caryophyllaceae Silene cretica L. silène de Crête D
Caryophyllaceae Silene linicola silène du lin D
Caryophyllaceae Silene muscipula L. silène attrappemouche 1
Caryophyllaceae Spergula arvensis L. spargoute des champs ; spergule des champs 3
Caryophyllaceae Spergularia segetalis (L.) G.Don spergulaire des moissons 1
Caryophyllaceae Vaccaria hispanica (Mill.) Rauschert saponaire des vaches, vachère 1
Chenopodiaceae Polycnemum arvense L. polycnème des champs 1
Chenopodiaceae Polycnemum majus A. Braun polycnème élevé ; grand polycnème 1
Cuscutaceae Cuscuta epilinum Weihe cuscute du lin D
Euphorbiaceae Euphorbia falcata L. euphorbe en faux 2
Fabaceae Vicia articulata Hornem. vesce articulée D
Fabaceae Vicia pannonica Crantz subsp. striata (Bieb.) Nyman vesce purpurine, vesce striée 2
Fabaceae Vicia villosa Roth vesce velue 2
Lamiaceae Ajuga chamaepitys (L.) Schreb. bugle petit‐pin 2
Lamiaceae Stachys annua (L.) L. épiaire annuelle 2
Liliaceae Allium rotundum L. ail arrondi 2
Liliaceae Gagea villosa (Bieb.) Sweet gagée des champs 2
Liliaceae Gladiolus italicus Mill. glaïeul d’Italie 2
Liliaceae Ornithogalum nutans L. ornithogale penché 1
Liliaceae Tulipa agenensis DC. tulipe d’Agen 1
Liliaceae Tulipa clusiana DC. tulipe de Perse 1
Liliaceae Tulipa gesneriana L. tulipe de Gesner 1
Liliaceae Tulipa lortetii Jord. tulipe de Lortet 1
Liliaceae Tulipa raddii Reboul tulipe précoce 1
Liliaceae Tulipa sylvestris L. subsp. sylvestris tulipe sauvage 2
Papaveraceae Glaucium corniculatum (L.) Rudolph pavot cornu 1
Papaveraceae Hypecoum imberbe Sm. cumin à grandes fleurs 1
Papaveraceae Hypecoum pendulum L. cumin pendant 1
Papaveraceae Papaver argemone L. coquelicot argémone 2
Papaveraceae Papaver hybridum L. coquelicot intermédiaire 2
Papaveraceae Papaver rhoeas L. grand coquelicot 3
Papaveraceae Roemeria hybrida (L.) DC. roemérie hybride 1
Poaceae Alopecurus myosuroides Huds. vulpin des champs 3
Poaceae Apera spica-venti (L.) Beauv. jouet‐du‐vent 3
Poaceae Arrhenatherum elatius (L.) Beauv. ex J. et C. Presl subsp. bulbosum (Willd.) Schübl. et Martens fromental bulbeux ; avoine à chapelets 3
Poaceae Avena fatua L. avoine folle 3
Poaceae Bromus arvensis L. brome des champs 2
Poaceae Bromus secalinus L. brome faux seigle 1
Poaceae Lolium remotum Schrank ivraie du lin D
Poaceae Lolium temulentum L. ivraie ennivrante 1
Polygonaceae Polygonum bellardii All. renouée de Bellardi 1
Primulaceae Androsace maxima L. grande androsace 1
Ranunculaceae Adonis aestivalis L. adonis d’été 1
Ranunculaceae Adonis annua L. adonis d’automne, goutte-de-sang 1
Ranunculaceae Adonis flammea Jacq. adonis couleur de feu 1
Ranunculaceae Adonis microcarpa DC. adonis à petits fruits 1
Ranunculaceae Ceratocephalus falcatus (L.) Pers. renoncule en faux 1
Ranunculaceae Consolida ajacis (L.) Schur pied d’alouette d’Ajax ; dauphinelle d’Ajax 1
Ranunculaceae Consolida hispanica (Costa) Greuter et Burdet pied d’alouette d’Espagne 1
Ranunculaceae Consolida pubescens (DC.) Soó pied d’alouette pubescent 1
Ranunculaceae Consolida regalis S.F. Gray pied d’alouette royal ; dauphinelle royale 2
Ranunculaceae Delphinium halteratum Sm. pied d’alouette à longs pédoncules ?
Ranunculaceae Delphinium verdunense Balb. pied d’alouette de Bresse 1
Ranunculaceae Garidella nigellastrum L. garidelle 1
Ranunculaceae Nigella arvensis L. nigelle des champs 1
Ranunculaceae Nigella gallica Jord. nigelle de France 1
Ranunculaceae Ranunculus arvensis L. renoncule des champs 2
Rosaceae Aphanes arvensis L. alchémille des champs 3
Rubiaceae Asperula arvensis L. aspérule des champs 1
Rubiaceae Galium spurium L. galium bâtard 1
Rubiaceae Galium tricornutum Dandy galium à trois cornes 2
Thymelaeaceae Thymelaea passerina (L.) Coss. et Germ. passerine annuelle 1
Valerianaceae Valerianella coronata (L.) DC. valérianelle couronnée, mâche couronnée 2
Valerianaceae Valerianella dentata (L.) Pollich mâche dentée 2
Valerianaceae Valerianella echinata (L.) DC. mâche à piquants 1
Valerianaceae Valerianella rimosa Bast. mâche à oreillettes 2
Violaceae Viola arvensis Murray pensée des champs 3

Des grainetiers ou pépiniéristes proposent graines et plants des plus symboliques de ces messicoles, mais il faut plutôt préférer les graines de sources locales et contrôlées comme celles diffusées par le Conservatoire de Bailleul ou par Ecosem.

Notes

[1Plus précisément liées à la culture céréalière.

[2LEGAST, M., MAHY G., BODSON B., 2008. Les messicoles fleurs des moissons. (collection Agrinature ; 1). Namur : Direction générale de l’agriculture. 124 p.

[3VALENTIN, B., TOUSSAINT, B., VALET, J.M., 2015. – Liste des plantes messicoles du Nord-Pas-de-Calais, pour la DREAL Nord-Pas-de-Calais, Conservatoire botanique national de Bailleul. 15 p. Bailleul.



Le capitulaire De villis vel curtis imperialibus

vendredi 23 octobre 2015

Le capitulaire De villis vel curtis imperialibus [1] ou Capitulare de villis vel curtis imperii, plus connu sous le nom de « capitulaire De Villis » est un texte réglementaire assez large (70 articles ou petits chapitres : « capitules ») dont on ne cite souvent que la partie botanique du capitule (capitula) 70 mais aussi les plantes des capitules 43 [2], 44 [3] et 62 [4].

Si le « capitulaire » est effectivement un texte complexe, c’est toutefois — pour nous aussi — cette seule partie botanique qui nous intéresse ici.

Notamment le capitule 70 et dernier qui est une liste :

«Volumus quod in horto omnes herbas habeant, is est: lilium, rosas, fenigrecum, costum, salviam, rutam, abrotanum, cucumeres, pepones, cucurbitas, fasiotum, ciminum, ros marinum, careium, anesum, coloquentidas, solsequiam, ameum, silum, lactucas, git, eruca alba, nasturtium, parduna, puledium, olisatum, petreselinum, apium, leisticum, savinam, anetum, fenicolum, intubas, diplamnum, sinape, satureiam, sisimbrium, mentam, mentastrum, tanazitam, neptam, fegrefugiam, papaver, betas, vulgigina, mismalvas, adripias, blidas, ravacaulos, caulos, uniones, britlas, porros, radices, ascalonicas, cepas, alia, warentiam, cardones, fabas majores, pisos mauriscos, coriandrum, cerfolium, lacteridas, sclareiam. Et ille hortulanus habeat super domum suam Jovis barbam.
De arboribus volumus quod habeant pomarios diversi generis; pirarios diversi generis; prunarios diversi generis; sorbarios, mespilarios, castanearios, persicarios diversi generis, cotonarios, avellanarios, amandalarios, morarios, lauros, pinos, ficus, nucarios, veresarios diversi generis. Malorum nomina: gozmaringa, geroldinga, crevedella, spirauca, dulcia, acriores, omnia servatoria; et subito comessura; primitiva. Pecariciis servatoria trium et quartum genus, dulciores, et cocciores, et serotina.»

=
« Nous voulons qu’ils aient dans les jardins des plantes de toutes espèces, savoir : le lis, les roses, le fénugrec, la menthe-coq, la sauve, la rue, l’aurone, les concombres, les citrouilles, les calebasses et artichauts d’Espagne, le haricot[?] [5], le cumin officinal, le romarin, le carvi, le pois-chiche, la scille, le glaïeul, la serpentaire, l’anis, les coloquintes, l’héliotrope, le méum d’athamante, le sésili de Marseille, les laitues, la patte d’araignée, l a roquette, le cresson alénois, la bardane, le pouliot, le maceron commun, le persil, le cèleri, la livèche, la sabine, l’aneth, le fenouil doux, les chicorées, le dictame de Crète, la moutarde, la sarriette, la menthe aquatique, la menthe des jardins, la menthe à feuille rondes, la tanaisie, l’herbe-aux-chats, la petite centaurée, le pavot des jardins, les bettes, le cabaret, les guimauves, les carottes, les panais, l’arroche des jardins, les amarantes blettes, les choux-raves, les choux, les oignons, les appétits, les poireaux, les raves et radis, les échalotes, les ciboules, les aulx, la garance, les chardons à bonnetier, les fèves des marais, les pois, la coriandre, le cerfeuil, les épurge, l’orvale.
Que le jardinier ait sur sa maison de la joubarbe.
Quand aux arbres, nous voulons que nos intendants aient des pommiers de diverses espèces, des poiriers de diverses espèces, des pruniers de diverses espèces, des sorbiers, des néfliers, des châtaigniers, des pêchers de diverses espèces, des coignassiers, des aveliniers, des amandiers, des mûriers, des lauriers, des pins, des figuiers, des noyers, des cerisiers de diverses espèces.
Noms des pommes : gozmaringa, geroldinga, crevedella, spirauca, les unes douces, les autres aigres, toutes de garde ; et celles qu’on mange aussitôt cueillies, et qui sont hâtives.
Poires de garde de trois ou quatre espèces, douces, à cuire, ou tardives.
 »

Nous n’avons pas repris les noms linnéens proposés par Guérard car la concordance des noms du texte carolingien avec ces espèces est souvent discutée, ainsi Wikipédia en français en donne une interprétation différente (22 octobre 2015) :

« Nous voulons que l’on cultive dans le jardin toutes les plantes, à savoir : lis, roses, fenugrec, costus [balsamite ?], sauge, rue, aurone, concombres, melons, gourde, dolique, cumin, romarin, carvi, pois chiche, scille (oignon marin), iris, estragon, anis, coloquinte, chicorée amère, ammi, chervis, laitue, nigelle, roquette, cresson (de terre ou nasitort), bardane, menthe pouliot, maceron, persil, ache, livèche, sabine, aneth, fenouil, chicorée, dictame, moutarde, sarriette, nasitort, menthe, menthe sauvage, tanaisie, cataire, grande camomille, pavot, bette, asaret, guimauve, mauve, carotte, panais, arroche, blette, chou-rave, chou, oignons, ciboulette, poireau, radis (ou raifort), échalote, ciboule, ail, garance, cardon, fève, pois, coriandre, cerfeuil, épurge, sclarée. »

Les correspondances présentes sur notre site hortical

Celles-ci sont encore différentes et peuvent encore varier. Notre principale source reste toutefois Michel Boutineau.

ail (Allium sativum) — aneth (Anethum graveolens) — anis (Pimpinella anisum) — armoise aurone (Artemisia abrotanum) — arroche (Atriplex hortensis) — artichaut (Cynara scolymus) — balsamite (Balsamita major) — bardane, grande (Arctium lappa) — blé_ (Triticum aestivum) — buis (Buxus sempervirens) — camomille, grande (Tanacetum parthenium) — cardère cultivée (Dipsacus sativus) — cardon (Cynara cardunculus) — carotte (Daucus carota) — carvi (Carum carvi) — cataire (Nepeta cataria) — cerfeuil (Anthriscus cerefolium) — cerisier (Prunus avium) — chanvre (Cannabis sativa) — charme (Carpinus betulus) — châtaignier (Castanea sativa) — chicorée vivace (Cichorium intybus) — chou-rave (Brassica oleracea gongylodes) — choux (Brassica oleracea) — ciboule (Allium fistulosum) — ciboulette (Allium schoenoprasum) — cognassier (Cydonia oblonga) — concombre (Cucumis sativus) — coriandre (Coriandrum sativum) — cormier (Sorbus domestica) — cresson alénois (Lepidium sativum) — cumin (Cuminum cyminum) — dolique (mougette de Provence) (Vigna unguiculata cylindrica) — échalote (Allium ascalonicum) — estragon (Artemisia dracunculus) — fenouil (Foeniculum vulgare) — fénugrec (Trigonella foenum-graecum) — fève (Vicia faba) — garance des teinturiers (Rubia tinctorum) — guimauve (Althaea officinalis) — iris faux-acore (Iris pseudoacorus) — joubarbe des toits (Sempervivum tectorum) — laitue (Lactuca sativa) — laurier sauce (Laurus nobilis) — lin_ usuel (Linum usitatissimum) — lis (Lilium bulbiferum) — livêche (Levisticum officinale) — mauve sylvestre (Malva sylvestris) — melon (Cucumis melo) — menthe pouliot (Mentha pulegium) — navet (Brassica rapa) — néflier (Mespilus germanica) — nigelle de Damas (Nigella damascena) — noisetier (Corylus avellana) — noyer (Juglans regia) — oignon (Allium cepa) — panais (Pastinaca sativa) — pastel (Isatis tinctoria) — pavot somnifère (œillette) (Papaver somniferum) — pêcher (Prunus persica) — persil (Petroselinum crispum) — pin sylvestre (Pinus sylvestris) — poireau (Allium porrum) — poirée (Beta vulgaris cicla) — poirier (Pyrus communis) — pois (Pisum sativum) — pommier (Malus domestica) — prunier (Prunus domestica) — radis (Raphanus sativus) — raifort (Armoracia rusticana) — renouée bistorte (Polygonum bistorta) — romarin (Salvia rosmarinus) — roquette (Eruca sativa) — rue officinale (Ruta graveolens) — sarriette des jardins (Satureja hortensis) — sarriette vivace (Satureja montana) — sauge officinale (Salvia officinalis) — sauge sclarée (Salvia sclarea) — sisymbre officinal (Sisymbrium officinale) — tanaisie (Tanacetum vulgare) — vigne (Vitis vinifera) .
 

Lien Gallica du texte de Benjamin Guérard :
qrcode:http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6358436s

Notes

[1Daté de 795, d’après Michel Boutineau. Botineau, Michel. Les Plantes du jardin médiéval. Belin (coll. Éveil nature), 2001. 187 p. — ISBN 978-2-7011-3785-1 . — p. 11.
La transcription et la traduction utilisées sont celles de Benjamin Guérard (Bibliothèque de l’École des cartes, année 1853, volume 14, n° 1. Parue la même année en volume chez Firmin Didot sous le titre Explication du capitulaire De villis).

[2« Ad genetia nostra, sicut institutum est, opera ad tempus dare faciant, id est linum, lanam, waisdo, vermiculo, warentia, pectinos, laninas, cardones, sapones, unctum, vascula, vel reliqua, minutia quae ibidem necessaria sunt. »
= « Que nos intendants fassent donner, en temps convenable, à nos gynécées, selon l’usage établi, les choses nécessaires pour le travail, c’est-à-dire du lin, de la laine, de la guède, de la teinture en vermeil, de la garance, des peignes à laine, des chardons, du savon, de la graisse, des vaisseaux, et les autres objets dont on a besoin aux gynécées. »

[3« De quadragesimale duae partes ad servitium nostrum veniant per singulos annos, tam de leguminibus quamque et de piscato, seu formatico, butirum, mel, sinape, aceto, milio, panicio, herbulas siccas vel virides, radices, napos, insuper et ceram, vel saponem atque cetera minutia ; et quod reliquum fuerit, nobis per brevem, sicut supra diximus, innotescant, et nullatenus hoc mermittant, sicut usque nunc fecerunt ; quia per illas duas partes volumus cognoscere de illa tertia quae remansit. »
= « Qu’ils nous envoient chaque année, pour notre service, les deux tiers des aliments maigres, tant en légumes, qu’en poisson, fromages, beurre, miel, moutarde, vinaigre, millet, panic, herbes sèches et vertes, radis et navets, et, de plus, les deux tiers de la cire, du savon et des autres denrées de cette espèce ; et qu’ils nous fassent connaître ce qui sera de reste, au moyen d’un état qu’ils nous en adresseront, ainsi que nous l’avons dit ci-dessus. Mais qu’ils négligent pas ce devoir, comme ils l’on négligé jusqu’à ce jour ; car nous voulons vérifier par les deux tiers envoyés la quantité du tiers restant. »

[4« Ut unusquisque judex per singulos annos ex omni conlaboratione nostra, quam cum bubus quos bubulci nostri servant, quid de mansis qui arare debent, quid de sogalibus, quid de censis, quid de fida facta vel freda, quid de feraminibus in forestis nostris sine nostro permisso captis, quis de diversis conpositionibus ; quid de molinis, quid de forestibus, quid de campis, quid de pontibus vel nevibus ; quid de liberis hominibus et centinis qui partibus fisci nostri deserviunt ; quid ne mercatis ; quid de vineis ; quid de illis qui vinum solvunt ; quid de feno ; quid de lignariis, et faculis ; quid axilis, vel aliud materianem ; quid de nucibus, majoribus vel minoribus ; quid de frugibus arborum ; quid de proterariis ; quid de leguminibus ; quid de milio, et panigo ; quide de lana, lino, vel canava ; quid de frugibus arborum ; quid de nucibus, majhoribus vel minoribus ; quid de insitis ex diversis arboribus ; quid de hortis ; quid de napibus ; quid de wiwariis ; quid de coriis ; quid de pellibus ; quid de cornibus ; quid de melle et cera ; quid de uncto, et siu, vel sapone ; quid de morato, vino cocto, medo, et aceto ; quid de cervisa ; de vino novo et vetere ; de annona nova et vetere ; quid de pullis et ovis, vel anseribus, id est aucus ; quid de piscatoribus, de fabris, de scutariis, vel sutoribus ; quid de hucitis, et confinis, id est scriniis ; quid de tornatoribus, vel sellariis ; de ferrariis et scrobis, id est fossis ferrariciis, vel aliis fossis, plumbariciis ; quid de tributariis ; quid de poledris, et pulrellis, habuerint, omnia seposita distincta et ordinata, ad nativitatem Domini nobis notum faciant, ut scire valeamus, quid vel quantum de singulis rebus habeamus. »
= « Que nos intendants nous adressent tous les ans, à Noël, sur des états séparés, des comptes clairs et méthodiques de tous nos revenus ; afin que nous puissions connaître ce que nous avons et combien nous avons de chaque chose, à savoir : le compte de nos terres labourées avec les bœufs que nos bouviers conduisent, et de nos terres labourées par les possesseurs des manses qui nous doivent le labour ; le compte des porcs, des cens, des obligations et des amendes ; celui du gibier pris dans nos bois sans notre permission, et celui des diverses compositions ; celui des moulins, des forêts, des champs, des ponts, des navires ; celui des hommes libres et celui des centaines engagées envers notre fisc ; celui des marchés, celui des vignes et de ceux qui nous doivent du vin ; le compte du foin, du bois à brûler, des torches, des planches et des autres sortes de bois d’œuvre ; celui des terres incultes ; celui des légumes, du millet et du panic, de la laine, du lin, du chanvre ; celui des fruits des arbres, des noyers, des noisetiers, des arbres greffés de toutes les espèces, et des jardins ; celui des navets ; celui des viviers ; celui des cuirs, des peaux et de cornes d’animaux ; celui du miel, de la cire, de la graisse, du suif et du savon ; du vin de mûres, du vin cuit, de l’hydromel, du vinaigre, de la bière, du vin nouveau et du vin vieux ; du blé nouveau et du blé ancien ; celui des poules et des œufs ; celui des oies ; les comptes des pêcheurs, des ouvriers en métaux, des fabricants d’écus et des cordonniers ; celui des huches et des boîtes ; celui des tourneurs et des selliers ; celui des forges, celui des mines de fer, de plomb et des autres mines ; celui des tributaires, et celui des poulains et des pouliches. »

[5Ici, Benjamin Guérard donne pour haricot Phaseolus vulgaris L. qui viendra plus tard d’Amérique. Il aurait du penser à la dolique mongette (Vigna unguiculata).



La biodiversité en ville, c’est d’abord inviter la nature dans son jardin

dimanche 21 juin 2015

La France compte plus d’un million d’hectares de jardins privés. Cette surface non négligeable ne peut certes pas répondre à toutes les attentes liées à la conservation de la biodiversité mais peut participer au bien-être de nombreuses espèces animales et végétales et avoir un rôle complémentaire à celui d’une réserve naturelle. Si votre jardin ne devient pas un site remarquable où des oiseaux nicheront, où des plantes rares auront trouvé refuge, il pourra cependant s’intégrer dans un réseau de corridors écologiques (biologiques) et servir de relais entre deux milieux naturels permettant le déplacement des espèces, vital pour leur maintien.

Les végétaux préconisés : voir la page « Nature (campagne) en ville ».


Pourquoi inviter la nature dans votre jardin ?

Les pollutions, l’urbanisation, les équipements routiers, les remembrements ont provoqué une érosion accélérée de la biodiversité et une banalisation des paysages. Les milieux naturels se sont réduits comme peau de chagrin, des plantes, des animaux disparaissent. Si la vie sauvage dispose de quelques havres de paix relatifs sous la forme de parcs (nationaux, naturels régionaux) ou encore de réserves naturelles régionales, etc. cela ne représente pas plus de 1,32 % du territoire national pour les réserves strictes et 15 % avec l’ensemble des parcs (moins de 8 millions d’hectares dont 7 pour les parcs régionaux).

Comment inviter la nature dans votre jardin ?

En créant une mosaïque d’habitats sauvages proches de l’environnement local.

Pour rendre votre jardin plus attrayant pour la faune et la flore sauvage, il est important de diversifier les habitats. Ces derniers seront représentatifs de l’environnement local (il n’est pas question de recréer une tourbière chez soi lorsqu’on habite au cœur d’une ville) et seront choisis et installés selon la nature du sol et son degré d’humidité et selon l’ensoleillement du jardin. Des végétaux régionaux seront plantés et l’emploi des pesticides bannis.

jardin naturel avec tonte différenciée

Les habitats du jardin naturel

La haie champêtre, ou non

Elle est à préférer à la triste haie de thuyas, elle est pluri-spécifique, attire une foule d’animaux (oiseaux, insectes, mammifères…), vit au rythme des saisons en changeant de couleur. On y trouve des fruits pour soi ou pour les oiseaux, des plantes médicinales et/ou culinaires. Elle protège du vent et de ses méfaits, limite l’érosion, le dessèchement et la dissémination des parasites, protège des températures extrêmes, régule le cycle de l’eau…

Les grands types :
– la haie basse taillée : vous la constituerez souvent d’une seule essence indigène (charme, hêtre, érable champêtre, aubépine, orme) poussant sur une seule tige (donc, pas de noisetier, cornouiller, forsythia). Ce peut être aussi du lierre sur un grillage. Cette haie est la moins riche du point de vue biologique (pas de fleur, pas de fruit sauf pour l’aubépine). Pour espérer une haie dense, il vous faudra prendre plusieurs années en la taillant basse pour l’épaissir, puis en remontant la taille chaque année jusqu’à la hauteur désirée. Une haie plantée directement à la hauteur désirée se dégarnira rapidement de la base.
– la haie libre : vous planterez à intervalles plus lâches que dans la précédente, les arbustes de la haie libre, que vous taillerez sévèrement un an après la plantation afin de favoriser leur ramification au plus près du sol. Vous n’aurez plus ensuite qu’une taille d’entretien de temps à autre. les végétaux pourront ainsi se développer sans contrainte, produire fleurs et fruits et offrir aux insectes et aux oiseaux nicheurs l’abri indispensable dont ils ont besoin. Vous rechercherez pour ces haies les végétaux les plus favorables à la faune sauvage. Elles seront maintenues à une hauteur comprise entre deux et quatre mètres selon l’effet recherché (brise-vue, brise-vent), et en fonction de la taille du jardin. Le haie libre est généralement plantée en quinconce sur deux rangs, elle pourra aisément se transformer en petite bande boisée ou en bosquet si vous multipliez le nombre de rangs tout en disposant les arbustes de petite taille à l’extérieur comme pour les lisières des bois.
– la haie bi-strate : il s’agit d’une haie taillée ou d’une haie libre basse dans laquelle vous aurez régulièrement planté des arbustes de plus grand développement : arbres fruitiers haute tige, arbres têtards…
– la haie arborée : écologiquement parlant, la plus riche des haies. Sa structure est proche des grands haies bocagères. Tous les étages de végétation y sont présents : arbres de 1re et de 2e grandeur, arbustes, arbrisseaux, lianes et plantes herbacées. Bien entendu, votre jardin ne peut s’accommoder de ce type de haies que s’il est très grand.
– Les arbres (isolés ou dans les haies précédentes) : bouleaux, saules, peupliers, aulnes sont les plus riches en espèces d’insectes, suivi des chênes et des érables. Ils sont donc à privilégier en sachant que les bouleaux sont pourtant à éviter car leur pollen est très allergisant/allergène.

Les haies libres — donc irrégulières — réduisent le vent de 50-75 % sur une distance égale à 5-7 fois leur hauteur et de 30-50 % sur l’équivalent de 15 fois leur hauteur.

Les distances légales de plantation entre 2 fonds privés (art. L671 du code civil) sont de :
— à 2 m minimum du fond voisin, lorsque les arbres dépassent 2 m de haut.
— à 50 cm minimum du fond voisin, lorsque les arbres ne dépassent pas 2 m de haut.
Le propriétaire du fond voisin peut donc vous contraindre de rabattre votre haie à 2 m de hauteur si elle dépasse et est implantée à moins de 2 m de son fond. Ce recours n’est possible que durant les 30 ans qui suivent la plantation de la haie (plus précisément, il faut compter 30 ans à partir du moment où la jeune haie dépasse 2 m de hauteur). Il s’agit de la prescription trentenaire.

aubépine en floraison

La pelouse fleurie

En laissant pousser votre traditionnelle pelouse rase tout le printemps et en ne la tondant qu’au début de l’été vous permettez aux véroniques, mourons, cardamines, pâquerettes, liondents, brunelles et autres de fleurir puis de monter en graine. Vous obtenez ainsi une pelouse colorée de violet, rouge, blanc, jaune qui attire insectes et oiseaux…

Une telle pelouse a sa place dans les zones les moins fréquentées, en périphérie de la pelouse rase, loin de votre salon de jardin et de votre hamac.

Brunelle sur pelouse non rase

La prairie fleurie

L’origine et le maintien des prairies sont dus à l’homme. Quand il s’est mis à déboiser pour la culture et l’élevage, l’homme a créé des milieux ouverts, le pâturage et le fauchage ont empêché la réinstallation naturelle du ligneux et donc ont permis à une végétation prairiale de se maintenir. La prairie est un milieu riche en espèces, sa composition varie en fonction de la nature du sol. Suite à l’exploitation agricole, ces milieux naturels ont aujourd’hui quasiment disparu ou ont été trop enrichi limitant de ce fait la diversité végétale au profit des plantes les plus performantes.

La mare

Les eaux peu profondes constituent une grande ressource pour la vie sauvage. Votre mare, plantée de massettes, de roseaux, d’iris attirera une foule d’animaux. Peut-être aurez-vous la plaisir de voir une libellule passer ou un héron venir se reposer avant de reprendre son chemin.

Mare artificielle (avec bâche) au bord d’un potager

Les bordures et parterres fleuris

Les plantes sauvages que vous y installerez n’auront rien à envier aux variétés horticoles. Annuelles, bisannuelles ou vivaces, de couleur rouge, jaune, blanche, bleue ou violette, l’effet esthétique est garanti. Mais, avant tout, ce sont des plantes locales qui ont un intérêt écologique. Parmi ces plantes, le cabaret des oiseaux (cardère), le bouillon blanc, l’épilobe en épi, la mauve musquée, le silène enflé. Penser aussi aux floraisons automnales (asters, hélianthes, bulbes d’automne, etc.) malheureusement peu locales (hors le lierre, très utile même si peu spectaculaire).

La centre botanique national de Bailleul propose des graines d’espèces sauvage, notamment : salsifis des prés, grande marguerite, vulnéraire, hélianthème jaune, petite pimprenelle, digitale pourpre, primevère officinale. Voir la page du CBNb, sur :
http://www.cbnbl.org/nos-services/article/Bibliotheque-de-graines-472

Les plantes grimpantes

En habillant votre maison de plantes grimpantes, non seulement vous la protégerez des intempéries mais en plus vous offrirez gite et couvert aux merles, rouge-gorge et autres oiseaux insectivores. Vous leur permettrez, avec des plantes au feuillage persistant, de passer l’hiver plus facilement.

La rocaille

C’est le milieu sec et pauvre par excellence qui est colonisé par des espèces végétales de petite taille en général, qui fleurissent abondamment et qui sont très fécondes. Un tel milieu peut être un muret, un talus calcaire, un ensemble de rochers disposés de façon naturelle, un mélange cailloux-terre végétale… Les plantes qui conviennent le mieux sont l’orpin âcre, l’orpin blanc, le thym et l’origan pour les aromatiques, le millepertuis perforé, la linaire cymbalaire dans les coins d’ombre, le géranium herbe à Robert, la chélidoine… La rocaille « alpine », elle, n’est pas un tas de terre avec un peu de cailloux pour décorer mais plutôt un tas de cailloux avec très peu de terre où les plantes doivent peiner à s’épanouir.

Le coin à herbe folle

Il est constitué de plantes dites pionnières qui apparaissent sur un sol dénudé, qui produisent beaucoup de graines et qui par leur croissance et leur capacité à émettre de nouvelles poussent à partir de leurs racines peuvent devenir envahissantes. Dans un jardin traditionnel, elles sont vos « mauvaises herbes » si indésirables. Cependant, elles vous attireront de nombreux insectes et oiseaux. Elles ont un rôle important dans le jardin naturel, c’est le cas notamment de l’ortie.

agrion porte-coupe sur rumex

Le sous-bois

Habitat d’ombre organisé en trois strates : la strate arborée (chêne, hêtre, bouleau…), la strate arbustive (cerisier à grappes, viorne, cornouiller…) et la strate herbacée (jacinthe, anémone des bois, primevère…). Les arbres et arbustes sont plantés jeunes (2-3 ans d’âge), après quelques années, lorsqu’ils seront bien vigoureux, vous pourrez songer aux plantes grimpantes qui monteront le long des troncs (le lierre par exemple).

Petites astuces

Que vous ayez ou non un grand jardin, vous pouvez y améliorer la qualité de l’accueil de la vie sauvage avec des petites astuces : des nichoirs artificiels si vous ne disposez pas d’arbres creux (saule têtard par exemple), on distingue les nichoirs à oiseaux, les gites à chauve-souris, à insectes ; des mangeoires ; un point d’eau (bassine, cuvette…), à défaut d’une mare ; un tas de bois placé dans le sous-bois ou dans la prairie pour accueillir un oiseau comme le troglodyte ; un arbre mort laissé sur pied s’il ne présente pas de problèmes de sécurité ; les pains de graisse, brochettes de cacahuètes pour nourrir les oiseaux lors d’hivers rudes ; un muret végétalisé dont une pierre manquante à la base fournira un abri au hérisson. Vous pouvez aussi avoir la prudence de mettre une clochette sur vos chats (certes le chat n’aime pas cette clochette mais pas plus que l’oiseau n’aime être capturé par le chat).

Favorisez les végétaux régionaux

La vie animale d’une région donnée dépend des plantes locales.
L’adaptation au climat qui peut varier et aux maladies est plus facile pour les plantes locales à la génétique diversifiée et qui ont survécu aux changements climatiques passés.

Évitez l’emploi des pesticides

Le plan Écophyto 2018 prévoit de réduire, d’ici 2018, de moitié l’usage des produits phytosanitaires, et de retirer du marché certaines préparations contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes, dont 30 sont déjà interdites.

Vous laisserez donc la nature faire son travail en lui permettant de trouver son équilibre. Vous pouvez toutefois utiliser les méthodes douces naturelles : lutte biologique (coccinelle…), purins et décoction végétales.

Biodiversité dans le bâti

Le bâti lui-même peut être un support de biodiversité : pensez aux oiseaux et autres animaux hébergés autrefois dans les greniers, étables, granges et fenils. Le label HQE (Haute Qualité Environnementale) du bâtiment qui proposait 14 cibles depuis 1996 a parfois été sollicité pour reconnaitre une 15e cible dédiée à la biodiversité. La réforme de son cadre de référence (5 principes, 4 engagements et 12 objectifs) en 2015 a donné pour objectif n° 6 (l’un des 3 objectifs de l’ « Engagement pour le respect de l’environnement ») : « Une prise en compte de la nature et de la biodiversité » [1].

Quelques liens web :

Claude Delattre

Ressources

— Le site du Conservatoire botanique national de Bailleul, http://www.cbnbl.org
— Plantons le décor : enrx.fr (commande de végétaux régionaux subventionnés. Vous aurez la garantie d’une origine locale et non clonale.
— Sur notre site, des listes d’espèces régionales utilisables : sur la page « Nature (campagne) en ville ».

Notes

[1Dans le Cadre de Référence du Bâtiment Durable de l’Association HQE :

Objectif n° 6
Une prise en compte de la nature et de la biodiversité

Respecter l’environnement, c’est prendre en compte la nature qui nous entoure et la biodiversité qui nous est vitale. La planète est un tissu vivant sur lequel le bâtiment a un impact à l’échelle de la parcelle, du quartier mais aussi au niveau global.
La biodiversité traite des espèces (Homme, oiseaux, champignons, bactéries…) et des milieux qu’ils soient « ordinaires » ou « remarquables » et parfois protégés.
La diversité biologique est indispensable à la survie de l’Homme tant par son besoin de nature que par les services dont il profi te (production de nourriture, régulation du ruissellement, pollinisation…).

Exemples de thèmes couverts par cet objectif
Potentiel écologique : recouvre les notions de capacité et qualité écologiques.
La capacité correspond aux supports d’accueil de la biodiversité off ert par les surfaces au contact du vivant (toitures, façades, aménagements extérieurs et intérieurs…) et les équipements pour accueillir faune et flore (nichoirs, gîtes, ruches…). La qualité écologique dépend de la diversité des habitats, des strates végétales, des gênes, de la maturité des écosystèmes, de la rareté des espèces, qualité des sols… Le potentiel écologique concerne le site d’implantation du bâtiment ou les sites de productions des produits, équipements et services qu’ils consomment. Son amélioration doit permettre aux écosystèmes de bien fonctionner (bouclage des cycles, fonction refuge, reproduction, alimentation, production de biomasse…).
Continuité écologique : assurer la continuité des trames vertes et bleues, des corridors écologiques tant sur les sites de production que pour le bâtiment dont les formes, la volumétrie et les aménagements extérieurs peuvent limiter, voire éviter les effets de coupure ou de barrière …
Innocuité envers le vivant : limiter les sources de danger et nuisance sur les toitures, façades et aménagements extérieurs (étalement urbain, imperméabilité des sols, pollution lumineuse, collisions d’oiseaux sur les façades vitrées…), favoriser le développement de la biodiversité grâce à une gestion adaptée (réduction des traitements phytosanitaires, désherbage sélectif, utilisation d’amendements organiques, lutte biologique…), gestion des populations non désirées (moustiques, blattes…) afin de limiter leurs effets sur les occupants

Focus : La biodiversité lors du chantier
Protéger les espèces végétales et animales du site avec leur périmètre de vie (protection des arbres et de leurs racines, des couvées, des milieux de reproduction…), limiter le tassement du sol induit par le passage des engins et les zones de stockage à l’origine d’asphyxie et de destruction de la biodiversité souterraine, gérer les rejets (poussières, déchets de chantier et des cantonnements, eaux de lavage…) et les éventuelles pollutions (fuites d’hydrocarbures…).
Tenir compte — dans le planning du chantier — des périodes de vulnérabilité de la biodiversité à certaines périodes de l’année (reproduction, dormance des plantes,…). Être vigilant quant à l’éventuelle présence d’espèces invasives.



Les mares au jardin

dimanche 21 juin 2015

Cet article complète largement et remplace un précédent texte de 2006.

La mare est généralement considérée comme un petit étang, sans plus [1]. Nous choisirons, ici, d’appeler « mares » les volumes d’eau non courantes et non empoissonnées [2].

Les mares sont parfois naturelles ; elles tendent alors, comme les étangs et les lacs, à se combler progressivement et, dans nos régions, à laisser place à la forêt.

Elles sont le plus souvent d’origine humaine ; ce sont celles qui nous intéressent. Nous pourrions dire « étaient », car les 9/10e ont disparues avec le progrès et le confort moderne : elles servaient de réservoir d’eau pour les incendies, l’abreuvement des animaux, de pédiluve au bétail, la lessive ou la vaisselle, le drainage, le travail du lin ou du chanvre, de l’osier ou de la ronce, de réservoir contre la sécheresse. Les bornes d’incendie et l’eau courante, ainsi qu’un discours hygiéniste souvent justifié, ont amené la disparition des puits, mares et autres flots.

Les mares étaient creusées dans des lieux naturellement imperméables, notamment ceux où l’eau a déjà tendance à s’accumuler ou dans les affaissements de terrain. On accentuait donc la tendance de l’environnement en l’utilisant. On pouvait aussi essayer de contraindre la nature en creusant et/ou en imperméabilisant (par une surface d’argile ou par une maçonnerie étanche). Les moyens mis en œuvre devenaient alors importants.

L’alimentation en eau est garanti par les pluies, d’où une variation du niveau dans l’année, plus ou moins importante selon le climat. Un fonctionnement qui convient assez peu aux poissons mais beaucoup mieux aux amphibiens.

Comme les haies, les mares sont devenues un obstacle à la mécanisation et à la rationalisation du travail agricole. Les unes ont été arasées, les autres comblées, souvent de déchets, trop souvent polluants. Les mares qui ont le mieux subsisté sont les mares d’agrément — ainsi que les bassins à poissons qui sortent de notre sujet.

Heureusement, des communes, des associations et aussi des particuliers ont travaillé et travaillent à créer ou à entretenir des mares naturelles ou pédagogiques

Dans le prolongement du « Jardin naturel », nous promouvons la mare comme auxiliaire de jardin : « Un point d’eau dans un jardin est quasi-indispensable, pour que les oiseaux puissent s’y abreuver et s’y baigner. Une mare, agrémentée de plantes aquatiques, même de taille réduite, sera le centre d’intérêt de tous les animaux du jardin. Vous pourrez peut-être y observer grenouilles et libellules, ainsi que quelques mammifères qui viendront s’y désaltérer. Placez une planchette à cheval sur le bord de la mare, pour que les animaux tombés dans l’eau puissent s’en sortir […]. ». Pour l’exemple choisi, il s’agissait d’un bassin préformé qui trouve facilement sa place dans un petit jardin.

* * *

un modèle possible

Surface : au moins 6 m², jusqu’à 20 m² et plus.
Profondeur : 1,2 m maximum
Pentes :

  • un seul côté abrupt, accessoire d’ailleurs sur une grande mare, mais facilite l’entretien (accès pour nettoyage),
  • un côté à paliers (20, 40, 80, 100 cm) avec une pente moyenne de 5-15° (toujours inférieure à 30°), et des dépressions pour mieux retenir la terre ; quelques pierres peuvent aider à fixer,
  • côté à paliers sur le flanc nord pour mieux recevoir le soleil,
  • possibilité d’anse, 2-3 cm de profondeur, si mare assez grande (sinon évaporation trop rapide), cette zone (1-2 m²) sera stérile (graviers, sable).
    Sous-sol :
  • fonds en argile, bentonite, etc. :
    — assez couteux pour la bentonite, idéal pour l’argile,
    fonds imperméabilisé par une bâche :
    — épaisseur de bâche supérieure à 1 mm (en PEHD mais craignant les UV, en EPDM ou en caoutchouc-butyle),
    — structure générale (de bas en haut) :
    - sol tassé et nettoyé des cailloux, arêtes coupantes...
    - grillage à mailles fines
    - sable fin
    - géotextile ou moquette ou vieux cartons humides
    - bâche
    - sable et graviers sur argile ou sur terre pauvre (couches de 5 à 15 cm), généralement 1/2 gravier, 1/4 sable et 1/4 terre.
    Plantes :
  • choix envisageables (tenu compte de l’envahissement et des qualités épuratives et hébergeantes) :
    - pieds dans l’eau : menthe aquatique (Mentha aquatica), très nectarifère ; laîche (Carex ripania) ; iris faux-acore (Iris pseudacorus), jaune ;
    - pleine eau : renoncule aquatique (Ranunculus aquatilis) ; cornifle (Ceratophyllum demersum) ; myriophylle (Myriophyllum spicatum) ;
  • possibilité d’utiliser des pots ou des bacs pour limiter le développement des rhizomes des autres plantes plus envahissantes (massette, roseau, jonc, potamot). Pour élargir le choix : Les plantes régionales pour les mares, en annexe.

Alentours :

  • prévoir une zone herbeuse (limite la pollution),
  • prévoir du bois mort (pour l’hibernation de la faune),
  • protéger des feuilles mortes et de l’ombre.

***

Les mares de jardin ne dépasseront pas 2 mètres de profondeur : au-delà, sauf dans des eaux mortes, la lumière solaire ne peut plus pénétrer. Par sécurité, il vaut mieux ne pas dépasser 1,20 mètre ; de plus peu de plantes sont utilisables au delà de cette profondeur. Les mares auront au moins 70 centimètres de profondeur pour garantir un volume d’eau hors gel. La surface peut varier de quelques décimètres carrés (avec un petit bassin thermoformé, donc peu profond) à quelques dizaines de mètres carrés.

Plus la mare est étendue et profonde, plus elle sera insensible à la sécheresse et au gel. Six à vingt mètres carrés, dont une partie à plus de 70 centimètres de profondeur est un bon choix :
— son inertie la protège des aléas climatiques normaux ;
— sa surface permet d’équilibrer plus sûrement la vie végétale.

La surface peut être moindre si l’on ne veut pas empiéter trop sur le jardin.

Les mares auront des paliers pour faciliter l’installation des plantes aquatiques. Le dernier palier aura une face en pente douce, de préférence au sud, pour aider la sortie des animaux qui s’y baignent ou qui y sont tombés. Sans cela, les noyades sont garanties pour ceux qui ne pourront pas grimper les 10-20 centimètres d’une rive souvent bâchée et donc glissante, en plus d’être verticale. Nous pourrons aussi aller plus loin et garantir cette pente depuis le palier qui connait les plus basses eaux.

Ces paliers seront aussi utiles aux humains qui tombent dans la mare. La face nord peut être plus abrupte pour bénéficier au maximum de l’apport solaire sur ces paliers. C’est au-delà de cette rive que nous allons planter les espèces thermophiles (qui aiment le soleil) comme les thyms, romarins et beaucoup de lamiacées (labiées). Surélevées et suffisamment éloignées pour garder les pieds au sec en hiver, elles profiteront ainsi de la réflexion du soleil sur l’eau.

On évitera aussi le surplomb par les arbres : leurs feuilles, en se décomposant, peuvent modifier l’acidité de l’eau et le travail d’entretien deviendra vite fastidieux.

* * *

L’alimentation de la mare se fait par les eaux de pluie et peut être complétée de deux manières :

  • Elle est installée sur un point bas du jardin. Elle reçoit donc une partie des eaux de ruissellement. Celà implique qu’il n’y ait pas de traitement chimique sur ce jardin car la mare serait perturbée par l’apport de molécules, naturelles ou artificielles, du traitement. Des espèces végétales ou animales peuvent alors disparaitre ou décliner, défaisant l’équilibre que nous essayons de créer. Nous devons aussi faire attention à l’apport de matière organique apporté par le ruissellement. La mare risque l’eutrophisation, c’est-à-dire un développement important d’algues et végétaux favorisé par l’excès d’azote qui va étouffer une partie de la vie. Nous laisserons une bande herbeuse pour filtrer le ruissellement.
  • Elle est près d’un toit. Nous pouvons alors utiliser le trop plein de la récupération d’eau de pluie et le faire dériver sur la mare. Le passage préalable dans le récipient de récupération, installé pour l’arrosage ou d’autres usages, permet à l’eau de décanter (c’est-à-dire de déposer une partie des substances entrainées depuis les toits).

Il est prudent d’attendre quelques jours avant de planter les végétaux, le temps que la température s’équilibre.

* * *

Les plantes peuvent être flottantes (nénufars, renoncules aquatiques..., plantes dites hydrophytes, d’eau) ou avoir leurs racines sous l’eau (iris, saule, carex, roseaux, massettes..., plantes dites hélophytes, de vase) et supporter les variations de niveau.

Le choix va s’adapter à la profondeur où nous pouvons les installer. Il s’agit d’une profondeur moyenne. En effet, les végétaux vont subir les variations, même minimes, du niveau de l’eau. Ces variations existent dans la nature et végétaux et animaux y sont adaptés et en ont parfois besoin pour mieux se développer. Nous devons juste limiter les variations qui sortent de l’ordinaire : par l’apport d’eau (ce qui est difficile en période de sécheresse), par l’évacuation du trop plein. Les abords de la mare, eux, recevront des plantes adaptées aux débordements et à l’humidité plus importante que dans le reste du jardin.

L’installation se fait de préférence dans des paniers qui permettent de contenir les espèces trop envahissantes et d’éventuellement les déplacer et de diviser nos plantes plus facilement.

Parallèlement à l’installation de notre choix de plantes, nous pouvons aussi « ensemencer » la mare. Il s’agit, à partir d’une mare souvent naturelle et non protégée mais dont la richesse biologique nous satisfait, de prélever une motte de terre et de l’émietter sur notre mare. Les micro organismes et les graines qui se plaisent vont rapidement se développer. Nous aurons ainsi un complément naturel et diversifié à notre choix.

* * *

La vie animale va rapidement s’installer. Il est inutile de l’importer [3]. Les animaux viendront d’eux-mêmes s’ils sont installés dans le voisinage, sinon des oiseaux apporteront accidentellement des œufs.

Le présence de moustiques est rapidement limitée par l’installation naturelle de prédateurs (libellules, dytiques, amphibiens...) ; il n’y a pas besoin de poissons. La prolifération de moustiques est bien plus à craindre de par les eaux stagnantes de notre jardin (cuve de récupération, pots et brouettes non retournés, bâches et sacs qui trainent sous la pluie, etc.).

* * *

La présence de jeunes enfants doit aussi être prise en compte avec des protections adaptées.


Claude Delattre

Les plantes régionales pour les mares

De nombreuses plantes sont proposées pour les bassins et les mares. Voici ici celles plus particulièrement destinées aux mares naturelles et adaptées à la région. Elles sont toutes rustiques, bien évidemment.

Bassin bâché

Acorus calamus (acore odorant, acore calame). Utile pour consolider les berges. Une plante épurative utilisée en lagunage.
Alisma plantago-aquatica (plantain d’eau). Devient envahissant lorsque le terrain lui convient.
Berula erecta (petite berle, berle dressée, berle à feuilles étroites, cresson sauvage). Plante stolonifère à tiges creuses.
Butomus umbellatus (jonc fleuri). Pour se plaire, la plante a besoin de nourriture et d’espace. Elle se répand par ses rhizomes.
Caltha palustris (populage des marais ou souci d’eau). Craint le manque d’eau : les feuilles se dessèchent alors.
Carex pseudocyperus (laîche). Pousse en touffe. Assez élégant.
Carex riparia (laîche des rives). Pousse en touffes compactes et s’étend par ses stolons.
Ceratophyllum demersum (cornifle nageant). Plante oxygénante souvent support de ponte. Disparait l’hiver et réapparait au printemps. Il se bouturage facilement par fragment de tige.
Dactylorhisa praetermissa (orchidée des marais). Une orchidée appréciant les terres partiellement inondées ou humides.
Eleocharis palustris (scirpe des marais, petit jonc, souchet des marais). Plante parfois envahissante, utilisée aussi en lagunage naturel.
Epilobium hirsutum (épilobe hérissée, épilobe à grandes fleurs, épilobe velue). S’étend facilement par ses stolons.
Epipactis palustris (épipactis des marais, helleborine des marais). Orchidée à souche rampante.
Eriophorum angustifolium (linaigrette). Plante à houppes soyeuses et à croissance lente, vit dans les marécages et tourbières acides.
Euphorbia palustris (euphorbe des marais). Bractées assez grandes, vert-jaunes, très décoratives. Attention à son latex irritant.
Hippuris vulgaris (pesse d’eau). Plante oxygénante intéressante pour le lagunage et les bassins.
Hottonia palustris (hottonie des marais, violette d’eau). Plante d’eaux riches et froides (mares forestières). La plus décorative des plantes oxygénantes par son feuillage dense et sa floraison mais à la culture est la plus délicate. Plante très sensible à la pollution.
Hydrocharis morsus-ranae (petit nénufar, morène des grenouilles, grenouillette). Forme des touffes flottantes, avec des feuilles de 2-5 cm de diamètre. Disparait de la surface l’hiver pour réapparaitre au printemps suivant.
Iris pseudacorus (iris des marais). L’iris jaune d’Europe, à l’origine de la « fleur de lys » des armoiries, et symbole de Bruxelles. Utilisé en lagunage, c’est une bonne plante épuratrice.
Juncus inflexus (syn. glaucus) (jonc glauque, jonc des jardiniers). Ses tiges sont bleu-vert, striées, avec des inflorescence latérales assez lâches. Il convient pour les petits bassins.
Mentha aquatica (menthe aquatique). Il convient de limiter son expansion rapide. Même son feuillage est parfumé.
Menyanthes trifoliata (trèfle d’eau). Le trèfle d’eau possède une souche qui flotte ou s’ancre au fond du bassin en fonction de la profondeur. La floraison est assez longue.
Myriophyllum spicatum (myriophylle en épi, volant d’eau). La contrôler assez fréquemment pour laisser de l’eau libre. Plante oxygénante et épuratrice.
Nuphar lutea (nénufar jaune). Contrôler son étalement important.
Nymphaea alba (nénufar blanc). Espèce blanche très rustique, florifère et qui pousse facilement.
Nymphoides peltata (faux-nénufar). Espèce assez longue à s’établir. Floraison jaune très intéressante. Plante filtrante et limitant la prolifération des algues
Oenanthe fistulosa (œnanthe fistuleuse). Ses tiges creuses portent des stolons
Parnassia palustris (parnassie). Une plante aux fleurs blanches étoilées.
Phalaris arundinacea (baldingère, phalaris, ruban de bergère). Graminée aquatique au rhizome traçant (pour la végétalisation des berges d’une mare naturelle).
Phragmites australis (roseau commun, phragmite). Une plante utile en lagunage. Mettre de préférence en panier afin de limiter son expansion, le rhizome traçant pouvant s’étendre de plusieurs mètres par an dans de bonnes conditions.
Polygonum amphibium (= Persicaria amphibium) (renouée aquatique, persicaire amphibie). Ne fleurit qu’en terrain inondé.
Potamogeton natans (potamot). Une plante oxygénante à feuillage décoratif.
Potentilla palustris (potentille des marais, comaret des marais). Une plante menacée de disparition dans la nature. Floraison rouge profond. Feuillage décoratif à partir de juillet.
Ranunculus aquatilis (renoncule aquatique). Une renoncule oxygénante pour le bassin. Sert de refuge à la petite faune aquatique.
Ranunculus flammula (petite douve). Une plante couvre-sol intéressante par sa végétation se développant toute l’année et pour sa floraison jaune prolongée.
Ranunculus lingua (grande douve). Proche de la précédente renoncule mais à plus grosses fleurs jaunes. Peut devenir envahissante.
Sagittaria sagittifolia (sagittaire). Une plante déphosphatante utilisée en lagunage. Feuilles en forme de fer de lance.
Schoenoplectus lacustris (jonc des chaisiers, jonc des tonneliers, grand jonc). Pousse en grosses touffes et sert de refuge à la faune du bassin (y compris les petits poissons) et de la mare. Aussi lieux de nidification pour les oiseaux (poules d’eau, grèbes huppés, foulques...) des étangs.
Sparganium erectum (rubanier rameux, rubanier dressé, ruban d’eau). Une plante à associer avec les joncs, propose un développement important.
Stachys palustris (épiaire des marais). Plante à fleur rose pourprée qui s’étend par stolons.
Stratiotes aloides (aloès d’eau, stratiote faux-aloès). Plante oxygénante originale qui descend au fond de la mare à l’automne.
Thelypteris palustris (fougère des marais). Une fougère aquatique pouvant se développer sous l’eau.
Typha angustifolia (massette à feuilles étroites). Un Typha pas trop envahissant et très élégant.
Typha latifolia (massette à feuilles larges). Un Typha plus envahissant. Utilisé en lagunage.
Veronica beccabunga (véronique des ruisseaux, cresson de cheval bleu, salade de chouette). Plante couvre-sol aux feuilles charnues immergées et persistantes et à petites fleurs bleues.

Plantes exogènes utilisables :

Calla palustris (calla des marais, arum d’eau). Fructification rouge, toxique. Plante proche des arums.
Geranium palustre (géranium des marais). Sa croissance vigoureuse en fait un excellent couvre-sol pour une bordure de mare ou une rocaille.
Gratiola officinalis (gratiole).
Lysimachia thyrsiflora (lysimaque thyrsiflore). Cette plante forme vite des touffes compactes. La floraison est importante tout le long de la tige.

Liste de plantes régionales de berge

Une mare a une population spécifique, ses abords aussi. Certaines plantes de berge appartiennent également à la liste des plantes pouvant être immergées temporairement ou non. Si votre mare est bien étanche, il faudra veiller à favoriser une humidité de l’espace avoisinant pour faciliter l’implantation et le développement de ces végétaux. À défaut, le milieu autour de votre mare sera assez étranger à celle-ci mais vous pouvez alors choisir de faire contraster la mare avec des plantes de terrain plus sec. La faune de la mare préfèrera une liaison cohérente entre la mare et ses alentours.

Pour des raisons de place, vous pouvez réserver les plantes mixtes (de mare et de berge) pour vos berges afin de réserver la mare aux plantes qui ne peuvent vivre en dehors. Vous garderez ainsi une plus grande diversité.

Cette liste non exhaustive peut être complétée par quelques espèces ou variétés plus horticoles.

Plante de bord(’)eau(x)

Alopecurus geniculatus (vulpin genouillé)
Arum maculatum (arum)
Caltha palustris (populage des marais)
Carex pendula (laiche pendante, à épis pendants, élevée)
Carex riparia (laiche des rives)
Comarum palustre = Potentilla palustris (potentille des marais)
Dipsacus fullonum (cardère)
Epilobium hirsutum (épilobe hérissée)
Epipactis palustris (épipactis des marais)
Equisetum palustre (prêle des marais)
Euphorbia palustris (euphorbe des marais)
Filipendula ulmaria (reine des près)
Fougères [plusieurs espèces]
Hydrocotyle vulgaris (écuelle d’eau)
Iris germanica (iris des jardins)
Iris pseudacorus (iris des marais)
Lysimachia vulgaris (lysimaque)
Mentha aquatica (menthe aquatique)
Phalaris arundinacea (baldingère)
Persicaria maculosa (pied rouge ou persicaire)
Polygonum bistorta (= Persicaria bistorta, bistorte)
Ranunculus flammula (petite douve)
Ranunculus lingua (grande douve)
Primula (primevères)
saules [à bien contenir] : Salix alba (saule blanc), Salix cinerea (saule cendré), Salix fragilis (saule fragile), Salix purpurea (osier rouge), Salix viminalis (osier blanc)
Silene flos-cuculi (= Lychnis flos-cuculi, lychnis fleur-de-coucou)
Solanum dulcamara (morèle douce-amère)
Symphytum officinalis (consoude)

Plantes exogènes utilisables :

Calla palustris (calla des marais)
Eriophorum vaginatum (linaigrette engainante)
Geranium palustre (géranium des marais)
Hemerocallis fulva (hémérocalle fauve, lis rouge)
Lobelia urens (cardinale des marais)
Rhododendron (rhododendrons et azalées)
Sagina subulata (sagine subulée)

Notes

[1Si une limite de 5 000 mètres carrés (un demi-hectare) apparait parfois, elle n’est pas officielle.

[2Les « sans plus » représentent selon le WWF (World Wildlife Fund), avec l’ensemble des zones humides, 25 % de la biodiversité.

[3Avec des œufs d’amphibiens, par exemple. Ces espèces sont protégées et ne peuvent être déplacées sans autorisation.



Le Tricholoma dahuensis auquel vous avez échappé

mercredi 1er avril 2015

Ce jour était prévu un article indispensable sur le très méconnu Tricholoma dahuensis ssp. bolonia, basidiomycète à deux pieds, proche cousin du Tricholoma yetiensis des contreforts de l’Himalaya. Malheureusement, les précieux documents inédits qui devaient alimenter cette étude tant attendue se sont volatilisés.


Relevez-vous vos plantes sur vos voitures ? : un programme novateur de Tela Botanica

mardi 1er avril 2014

Tela Botanica et Plante&Cité aimeraient connaitre les mystères qui se cachent sur vos voitures ou celles de votre voisin…

Un aspect de la biodiversité verte sur les voitures

Aussi, un questionnaire est en ligne pour vous aider à participer à ce nouveau programme de sciences participatives qui aborde ici un aspect trop peu oublié de la biodiversité. En effet, avec plus de 38 millions de véhicules, l’automobile est devenu un élément incontournable du paysage français.

Tela Botanica qui se distingue depuis de nombreuses années dans l’inventaire végétal de nos paysages ne pouvait laisser de côté cette biodiversité de proximité.

Ce début avril est la date idéale pour démarrer ce programme.

Pour en savoir plus sur les modalités : http://www.tela-botanica.org/actu/article6222.html


Sur les herbiers en ligne

jeudi 20 février 2014

Nous avons parfois fait des liens des plantes du site vers des herbiers en ligne. Nous complétons cette information en listant ici les sites proposés.

Le fichier e-flore de Tela-Botanica :
 
L’herbier en ligne de l’Université Pierre-et-marie-Curie (Paris VI) :
-- http://abiris.snv.jussieu.fr/herbier/ (programme IAO ou Identification Assistée par Ordinateur)
 
La Flore de Bourgogne :
 
L’herbier de la flore française :
 
Le guide des plantes de l’Université de Louvain/Leuven :
 
L’herbier virtuel de Gembloux, construit par les étudiants de l’Agro-Bio Tech (Université de Liège) :
 
L’herbier virtuel de l’Herbier du Québec :
 
Botarela site des poacées (graminées) de France

Y’a pas d’raison qu’y ait pas d’saisons !

samedi 6 juillet 2013

Les commentaires météorologiques et phénologiques sont parmi les moteurs les plus performants de la conversation. En cette année 2013, pouvons-nous chiffrer nos camanettages ? [1]

C’est ce que ce tableau vous propose pour le premier semestre.

J’ai, ici, utilisé des relevés phénologiques (débuts de floraison, pointement, feuillaison, etc.) sur plusieurs années des mêmes plantes, dans la région de Lille. J’ai mesuré le décalage par rapport aux mêmes phénomènes de 2013 et fait une moyenne par semaine. Certaines semaines — comme la 3 et la 8 — manquent de données : calme plat par rapport aux espèces surveillées. De même certaines années ont eu moins d’espèces annotées. On peut toutefois voir les tendances générales et notamment que 2013 n’est tardif que tardivement et plutôt précoce précocement. Non ?

Je n’ai pas entré de données météorologiques mais libre à vous de rechercher s’il y a des correspondances. On observera principalement un basculement autour des semaines 10-11 (1er quinzaine de mars).

Jours d’avance (noir) ou de retard (rouge et gras) des événements 2013 par rapport aux années précédentes
événements 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005
semaine 1 20 36 3 40 40 51
semaine 2 23 20 40 23 30 38 60
semaine 3 1 10 13
semaine 4 3 5 27 27 15 38
semaine 5 36 22 19
semaine 6 8 9 25
semaine 7 33 8
semaine 8 nc
semaine 9 11 4 29 24 11
semaine 10 5 12 12 6 8
semaine 11 4 1 4 7 33 12 9 10
semaine 12 3 8 2 7 20 32 14
semaine 13 4 5 2 4 28 13
semaine 14 31 16 10 23 45 35 8
semaine 15 17 20 8 14 31 20 9 9
semaine 16 10 15 5 12 12 20 17
semaine 17 18 19 8 14 24 42 2 18
semaine 18 14 22 6 14 23 21 16
semaine 19 7 22 6 11 6 22 2 12
semaine 20 6 22 8 13 1 1 1 1
semaine 21 17 23 5 22 11 15
semaine 22 3 25 8 19 18 35 6 29
semaine 23 6 35 6 19 21 12 14
semaine 24 12 25 2 29 15
semaine 25 9 28 0 28
semaine 26 10 28 7 15

Ces chiffres restent largement indicatifs et encore plus pour les périodes les plus anciennes et pour certaines semaines où les évènements ne dépassent pas 3 relevés. Ils ne sont pas à prendre avec trop de sérieux même s’ils sont plus sérieux que beaucoup de poncifs sur les saisons qui ne sont plus ce qu’elles n’ont jamais été.

Maintenant, peut-on dire que 2013 est en retard ? Oui et non, ça dépend du temps, enfin… ça dépend de quand on se situe.

Le tableau montre que 2013 était largement en avance sur les autres années… à moins que l’on considère que l’automne c’est très longuement attardé. L’année a ensuite subit quelques vagues de froid plus tardives que les dernières années.

Comme toute variation climatique, il peut y avoir des gagnants et des perdants, ainsi, au 1er juillet, pour les abeilles domestiques, l’année s’annonce encore pire que 2012. Les fleurs sont là mais les abeilles ont souvent trop froid pour sortir.

Claude Delattre

Notes

[1Dans une veine proche, une étude de Jacqva, autour de cette année 2013 — à Maubeuge cette fois-ci —, est parue le 2 mars 2017 sur Tela Botanica :
« Floraison et météo printanière ». Avec l’avantage d’un croisement avec les données météorologiques.