La notion (française ?) de gestion différenciée des espaces verts est peut-être difficile à faire entendre de par l’utilisation d’un mot ambigüe. En effet, « différencié » interroge : « différent de quoi ? ». Je préfère une expression comme « gestion diversifiée » qui insiste plus sur une pluralité, une diversité.
Il ne s’agit pas de créer une gestion de rupture, de table rase, mais bien d’allier des choix « différents » en une gestion commune sans prétendre que l’un est meilleur que l’autre. Il faut pouvoir passer du construit, de l’horticole pur au sauvage et pouvoir passer du sauvage, du « naturel » à l’horticole structuré en de multiples transitions et même ruptures spatiales. Ainsi, pour caricaturer, un centre ville sera plus en adéquation avec un traitement géométrique, à la française, un parc avec un traitement plus lâche, à l’anglaise, un terrain périphérique avec un traitement espace naturel. Par exemple, dans un cloitre, on s’attendra à un travail minutieux, bénédictin, tiré au cordeau, avec des haies basses bien taillées, etc. Pas du tout à une nature sauvage, à la limite de la friche. Et pourtant, ce pourra être un choix autant pertinent qu’une reconstitution de jardin médiéval si on veut mettre en valeur la qualité de ruines à un autre cloitre.
Il faut être capable de donner envie de découvrir. Tout montrer, c’est alors « Pourquoi aller voir de plus près, on voit tout d’ici ! ». La différence de « On voit bien que c’est un potager » est « On dirait qu’il y a un potager ». Dans le second cas, il faut aller vérifier. La curiosité doit être un élément de lecture du paysage. Le meilleur façon est d’avoir sous les yeux plusieurs horizons. C’est plus difficile dans un terrain de plaine sans même de bocage. On peut alors, dans ce qui peut s’apparenter à une steppe espérer un vallonnement et un mouvement du au vent qui créera un relief changeant. Dans une étendue d’openfield, il est plus difficile mais possible de créer de l’intérêt à l’observation.
CLaude Delattre