Le hêtre est un arbre? de forêt — et ancienne espèce? « invasive » — que l’on utilise aussi taillé en haie pour son feuillage marcescent? qui ne tombe qu’au printemps. Il ne supporte quasiment pas le recépage. Conduit en têtard, le hêtre est alors rabattu sur sa tête? tout les 10 ans pour fournir du bois de chauffage. Dans son sous-bois, on peut favoriser les espèces à floraison très précoce (comme la jacinthe des bois, l’anémone sylvie), avant l’arrivée du feuillage en avril-mai.
Il apprécie une atmosphère humide, un sol humide et drainant mais peu les sols engorgés. En montagne, il pousse préférentiellement sur les versants ombragés, au Nord. En plaine, il redoute les régions trop chaudes et trop sèches. Il tend à dominer les autres espèces et à les remplacer mais il a besoin de couverture pour débuter sa croissance. Par contre nombre champignons profitent de son sous-bois. D’après Robert Bourdu, sa dernière arrivée en France — hors un reliquat pyrénéen, il y a 8 000 ans — date de 4 000 ans [1].
Ses jeunes feuilles? sont à consommer dans les salades. Par la suite les tanins la rendent indigeste. Ces derniers, concentrés, comme dans ses cousins chênes, expliquent la faible vitesse de dégradation des feuilles tombées. Tout le long de l’année, les hêtraies sont couvertes de feuilles mortes d’où peu de plantes émergent.
Son écorce interne aurait aussi été consommée en Scandinavie, mais se sont ses fruits? — pour lesquels il faut attendre une quarantaine d’années leur production —, les faines (faînes) qui ont été le plus consommés. Crues, grillées ou transformées en huile. Cette huile du pauvre, aussi utilisée pour l’éclairage, est devenue extrêmement rare et son prix est exorbitant (plusieurs centaines d’euros le litre). Sa particularité est de ne rancir qu’après une décennie de conservation dans les meilleurs cas et de ne pas contenir de fagine ou choline (tanin présente en petite quantité dans le fruit — notamment dans l’enveloppe — dont l’abus irriterait les intestins). La récolte (ou fainée) est très variable selon les années, 2011 étant l’une des rares très bonnes années. Elle vient assez tardivement. En effet, le hêtre ne commence à fleurir généralement qu’à un âge approchant la bonne cinquantaine d’années.
Les faines sont appréciées par une partie de la faune forestière : sanglier (on menait aussi les porcs), blaireau, écureuil, muscardin, campagnol roussâtre, mulot à collier, loir, ramier, pinson du nord, pic épeiche, pic mar, etc.
Le hêtre a notamment été l’une des sources de créosote à partir de son goudron, obtenu en distillant son bois. Ce dernier est apprécié pour sa finesse et son homogénéité.
Parmi les parasites? communs du hêtre :
— le puceron laineux du hêtre (Phyllaphis fagi) ;
— les cicadelles, dont les piqures créent des décolorations de feuillage ;
— divers galles d’acariens sans conséquences.