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Gérer la chaleur dans le bâti

dimanche 20 juin 2021, par claude

La canicule, comme la chanson populaire, ça s’en va et ça revient. L’occasion de reprendre ses précautions.

La chaleur extérieure est, comme le froid extérieur, un paramètre à gérer pour garder notre logement confortable. Les bonnes pratiques peuvent paradoxalement être les mêmes dans les deux saisons : l’air est l’agent principal que nous devons protéger (éviter de l’échauffer ou éviter de le refroidir). La chaleur va venir par transfert thermique :
• contact (conduction par les solides) : maison mal isolée, ponts thermiques,
• radiation (rayonnement) : rayons directs du soleil (les infrarouges piégés par les vitres),
• convection (des fluides comme l’air et l’eau) : les mouvements d’air chaud chassent ou réchauffent l’air frais.


Les leviers

1/ à l’extérieur
Sans toucher au bâti, la gestion du jardin nous aide :

  • les arbres caducs? au sud nous protègent des rayons du soleil en été et, feuilles? tombées, laissent le soleil nous réchauffer les murs en hiver,
  • les arbres persistants? au nord nous coupent du vent froid qui refroidi les murs en hiver et nous protègent du soleil levant et couchant en été,
  • les arbres et arbustes nous aident par leur évapotranspiration : l’humidité qui s’évapore par leur respiration abaisse la température de l’air,
  • le lierre sur le mur (ce dernier à garder sain) lui préserve une température inférieure de 15 °C lors d’une chaleur de 40 °C, et lui garde une température plus élevée de 4 °C en période de gel.
    Attention, les végétaux peuvent nous occasionner des troubles de voisinage.

Sur le bâti :

  • peinture technique reflétant la lumière ou plus simplement peinture claire des toits et des murs
  • limiter les sources d’accumulation de la chaleur comme nos surfaces goudronnées ou bétonnées,
  • volets extérieurs pour nous protéger des radiations solaires,
  • film métallisé sur les vitrages pour limiter le réchauffement et accentuer notre isolation,
  • surplomb (avancée de toit, etc.) protégeant nos murs du soleil haut en été mais les laissant profiter du soleil bas en hiver.

2/ à l’intérieur
L’air est un bon isolant si on limite les phénomènes de convection par :

  • a- micro-cellules
    • principe des matériaux légers isolants (laine de roche, laine de bois, polystyrène expansé, paille, etc.) : leurs micro-cellules ou leurs labyrinthes compliquent la propagation de la chaleur, dans un sens comme dans l’autre. Nos toits et combles sont à isoler en priorité (30 % des fuites d’air).
  • b - macro-cellules
    • bloquer l’air, entre les volets et nos fenêtres et de même entre celles-ci et les pièces par des rideaux stores ou voilages, ralentit les modifications de température en limitant la convection. Des rideaux foncés peuvent accumuler la chaleur mais il existe des rideaux pare soleil dont certains laissent passer la lumière et limitent l’éblouissement et la chaleur.
    • fermer les pièces entre-elles dans la journée pour lutter contre la convection en séparant les volumes d’air et garder des ambiances et luminosités différentes dans notre maison.

Des sources de chaleur à surveiller existent à l’intérieur même de notre logement :

  • nos matériels électriques dégageant de la chaleur, nous allons préférer l’arrêt à la veille, les produits notés A++… aux autres, les LEDs aux halogènes, etc.

3/ séparer vs lier « intérieur / extérieur »
La gestion de la chaleur est un jeu d’équilibre entre température extérieure et température intérieure. Elles ont tendance à s’équilibrer à terme, ce que nous ne souhaitons pas. Aussi :

  • le jour, la température est plus forte dehors que dedans : nous isolons pour garder la fraicheur et bloquer la chaleur à l’extérieur.
  • la nuit, la température est plus forte dedans que dehors : nous aérons pour faire rentrer la fraicheur et créer un courant d’air que va absorber la chaleur accumulée la journée dans les murs, sols et plafonds (comme lorsque l’on souffle sur un plat pour le refroidir).

Malheureusement, en cas de canicule (une vague de chaleur d’au moins 72 h de suite [= 3 jours] avec baisse de l’amplitude thermique entre jour et nuit), les parois de notre logement continuent lentement à s’échauffer sans pouvoir être rafraichis la nuit. Cette gestion par ouvertures et fermetures atteint alors ses limites.

4/ la gestion électromécanique
L’air immobile est un mauvais conducteur de chaleur, mais l’air en mouvement peut amener du confort :

  • le ventilateur s’il réchauffe notre atmosphère par le fonctionnement de son moteur a l’avantage de créer un frais relatif de par son vent qui favorise l’évaporation de notre sueur (et créant ainsi une vraie baisse de température au niveau de notre peau) lorsque l’air est humide. L’effet est négatif si l’air est très sec sauf si le ventilateur est lié à une brumisation.
  • es échangeurs air-sol (puits canadien, provençal ou climatique, cheminée solaire,…) utilisent la différence de température entre le sol et l’air pour refroidir l’air ventilé (le réchauffer en hiver).

Le refroidissement du logement par l’air conditionné :

  • baisse de T° de notre intérieur mais :
    • réchauffe la planète (le climatiseur dégage de la chaleur à l’extérieur) surtout en ville,
    • coute au budget (+ 15 % de consommation).
  • nous allons en modérer l’amplitude pour éviter les chocs de température préjudiciables à la santé lors de nos entrées et sorties du logement.

5/ le confort individuel
Indépendamment du bâtiment, nos bonnes pratiques individuelles en cas de surchauffe ou canicule restent :

  • boire des boissons en quantité suffisante (sans sucre, alcool ou excitant) car notre corps va évacuer beaucoup d’eau,
  • faire baisser la température de l’air ou de notre corps par l’évaporation (principe du climatiseur) :
    • eau sur voilage,
    • eau sur carrelage chaud,
    • glaçon devant un ventilateur,
    • brumisation du visage et du corps.
  • des horaires adaptés (nous éviterons de sortir entre 11 h et 21 h).

L’inertie des bâtiments traditionnels qui tient du principe de la bouteille thermos, tend à garder la fraicheur l’été et la chaleur l’hiver (nous avons plus tendance à chauffer en fin d’hiver qu’en début où la maison a accumulé de la chaleur d’été) mais ne s’applique pas à toutes les maisons en bois, bien isolées, mais qui peuvent d’avoir que peu d’inertie et subir plus les changements de température.